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Narciblog
1 septembre 2006

L'intégrateur négatif

Ca y est, je suis sorti du boulot et je blog peinard dans le métro et les gens me regardent un peu bizarrement. Maintenant on voit de plus en plus d’ordinateurs portables dans les TGV, pourquoi pas les transports urbains ? Bref je me dirige vers la piscine olympique des Halles. Nager, c’est mon sport le plus régulier, qui me permet de me défouler et d’oublier les mini-tracas de la vie quotidienne. Le tracas du jour, c’est la discussion aoûtienne que je viens d’avoir avec différents collègues du bureau. On parlait d’une de nos collègues qui vient d’être hospitalisée et comme elle a un côté malade imaginaire, je ne peux jamais m’empêcher d’ironiser. A la fin de la discussion, une des participantes à ce brainstorming psycho-médical a conclue l’affaire sèchement (elle devait libérer sa nounou, faut dire !) en disant «  de toute façon, tu ne peux pas la supporter ».

Moi, je ne peux pas supporter quelqu’un ?

Et en plus ça se voit ?

Je dois avouer que cela me pose un problème, tant j’ai été élevé dans le consensus. Je me retrouve bien dans les Van de Kamp, bien wasp, sans vagues extérieures, tout dans la nuance… Mais là, me faire piéger aussi bêtement, ça fait bizarre et en même temps c’est vrai : je ne peux pas la supporter. Ben oui, j’ai le droit de ne pas aimer quelqu’un, surtout quand on m’a forcé à bosser avec elle.

Faut dire que le personnage mérite un mini portrait. Mythomane et hypocondriaque (et donc de santé fragile), sans doute un peu psychotique, elle synthétise ce qu’on fait de pire comme collègue. En fait je crois qu’elle est en burn-out : bosser c’est plus son truc. Il faut avoir un mode d’emploi : 1) les horaires : elle n’est pas en temps aménagé, mais j’ai mis un an à le savoir, 2) les échéances : toute date butoir devient une source de stress qui la met en mode panique, de toute façon elle refuse toute nouvelle tâche sous prétexte qu’elle est sous l’eau, 3) les débats : n’ayez pas l’idée de la contredire, sinon elle est prise de vertiges et s’évanouie dans vos bras (véridique et vérifiés dans plusieurs conditions), 4) Le méchant : il faut toujours un méchant qui la persécute et un sauveur qui rétablit le droit (après avoir été le salaud, mon boss a pris le rôle du sauveur et m’a donné celui du méchant, merci !). En réalité ce type de personne semble vivre, sans en avoir conscience, une telle souffrance personnelle et professionnelle qu’in fine, c’est plutôt triste. Finalement elle a un rôle d’intégrateur négatif : tout le monde a déjà bossé avec elle, tout le monde s’est fâchée avec elle et maintenant tout le monde est soudé contre elle. Elle a donc un rôle et existe donc professionnellement. C’est important, aurait dit Sartre.

Pour avoir travaillé pour une boite américaine avant, je suis toujours stupéfait (et assez fier, je dois dire), que mon employeur français (et privé) garde en son sein toute une tripotée de cas sociaux comme celui-là. On ne vire pas, on absorbe, on digère ou parfois on promeut ! Pour finir sur ma collègue, j’ai été pris de remords il y a quelques jours et j’ai proposé, à la stupéfaction des autres, de lui envoyer un bouquet de fleurs. La fameuse enveloppe a tourné. Ma boite, c’est une grande famille,  il y a de la place tous les bras cassés et boulets parce que le reste de l’équipe dépote un max…C’est comme dans la vraie vie.

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